Palmarès du 60e Festival de Cannes
Palme d'Or : 4 mois, 3 semaines et 2 jours de Cristian Mungiu
Grand Prix : La Forêt de Mogari de Naomi Kawase
Prix du 60e anniversaire : Gus Van Sant et son film Paranoid Park
Prix d'interprétation féminine : Jeon Do-Yeon pour Secret Sunshine
Prix du scénario : Fatih Akin pour De l'autre côté
Prix de la mise en scène : Julian Schnabel pour Le Scaphandre et le papillon
Prix d'interprétation masculine : Konstantin Lavronenko pour Le Bannissement
Prix du Jury, ex-aequo : Persepolis de Marjane Satrapi & Vincent Paronnaud
Lumière silencieuse de Carlos Reygadas
Caméra d'Or : Meduzot d'Etgar Keret et Shira Geffen (Semaine de la Critique)
Mention spéciale pour Control d'Anton Corbijn (Quinzaine des réalisateurs)
Palme d'Or du court métrage : Ver llover d'Elisa Miller Mentions spéciales pour Ah Ma d'Anthony Chen et Run de Mark Albiston
Palme d'or exceptionnelle : Jane Fonda
4 mois, 3 semaines, 2 jours... et 1 palme. Présenté en tout début de festival, et immédiatement plébiscité par la critique, le film 4 mois, 3 semaines et 2 jours, deuxième long métrage du cinéaste roumain Cristian Mungiu, a décroché la Palme d'Or du 60e Festival de Cannes, remise par le Jury de Stephen Frears. Ce long métrage avait de nombreux atouts à faire valoir pour la récompense suprême. En particulier, il associe un sujet fort (l'avortement dans la Roumanie de Ceaucescu) susceptible d'intéresser le grand public, et un vrai travail de mise en scène (composée de longs plans séquences) à même de satisfaire les cinéphiles les plus exigeants.
La rumeur le donnait favori depuis quelques jours, une impression confirmée par les premiers prix qu'il a glanés hier (Prix de la Critique internationale, Prix de l'Education Nationale). C'est la première fois qu'un film roumain obtient cette consécration à Cannes, même si cette cinématographie a le vent en poupe : en 2005, La Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu décrochait le Prix Un Certain Regard, l'an dernier, la très convoitée Caméra d'or était remise à 12h08 à l'est de Bucarest de Corneliu Porumboiu et hier, le Prix Un Certain Regard est revenu à California dreamin' de Cristian Nemescu (décédé après le tournage). Ajoutons que Cristian Mingiu fut découvert à Cannes en 2002 avec L'Occident... mais c'était à la Quinzaine des Réalisateurs.
On retrouve la plupart des autres favoris de la Compétition au palmarès, à la notable exception du No country for old men des Coen. Il est vrai que ce brillant divertissement ne cadrait pas trop avec un palmarès d'une grande cohérence. Le jury de Frears a en effet choisi de distinguer des oeuvres qui examinent l'être humain au plus près de ses douleurs (le deuil chez Kawase et Lee Chang Dong, la maladie chez Schnabel, le mal-être adolescent chez Van Sant). Notons que ce Jury qui respecte la parité (4 messieurs, 4 dames) a été très sensible à des portraits de femmes en lutte, brossés par Mungiu, Chang-Dong, Fatih Akin et Satrapi.
Les favoris sont là, donc, mais pas forcément aux places attendues. Si la comédienne de Secret sunshine, dans le rôle délicat d'une femme borderline malmenée par la vie, était grande favorite pour le Prix d'interprétation féminine, la rumeur promettait davantage à Fatih Akin que le Prix du scénario. Idem pour Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud qui se contentent du Prix du Jury, ex aequo avec Lumière silencieuse de Reygadas. Pour Le Bannissement, on attendait plutôt le Prix de la mise en scène, et c'est son comédien qui a été récompensé, et à l'inverse, on pensait que Le Scaphandre et le papillon serait salué à travers la prestation de son acteur Mathieu Amalric et c'est finalement pour la mise en scène peu orthodoxe (caméra subjective, voix intérieure...) de Julian Schnabel qu'il figure au palmarès.
Le Jury a usé de son joker "Prix du 60e anniversaire" pour saluer Gus Van Sant (déjà palmé pour Elephant), couronné cette fois "pour l'ensemble de son oeuvre mais aussi pour un très beau film" selon les mots de Frears. Le cinéaste de Portland fait figure de vétéran à côté des autres primés, qui, à part Naomi Kawase, étaient tous en Compétition pour la première fois. Ce ne sont toutefois pas vraiment des inconnus : Akin a déjà eu l'Ours d'Or pour Head-on et Zviaguintsev le Lion d'Or pour Le Retour... De même, Naomi Kawase est une ancienne lauréate de la Caméra d'or (pour Moe No Suzaku, découvert à la Quinzaine, décidément une jolie pépinière...). Le Grand Prix qu'elle obtient est une surprise, même s'il est parfaitement justifié : cette récompense distingue généralement une oeuvre ambitieuse sur le plan formel.
Gus Van Sant est donc le seul rescapé parmi les "habitués" de Cannes (exit Kusturica, Tarantino, Wong Kar-wai) et aussi parmi les représentants du cinéma US (Tarantino, Fincher, Gray : tous out). Et si la France glane deux trophées, ce n'est pas à ses "auteurs" (Breillat, Honoré) qu'elle le doit, mais à deux projets hors-normes, une adaptation littéraire réalisée par un Américain et un film d'animation. Au fait, Persepolis est le premier film d'animation primé à Cannes depuis... Dumbo, en 1947.
Un Certain Regard
Prix Un Certain Regard - Fondation Gan pour le cinéma : California dreamin' de Cristian Nemescu
Prix spécial du Jury Un Certain Regard : Actrices de Valeria Bruni-Tedeschi
Prix coup de coeur du Jury Un Certain Regard : La visite de la fanfare d'Eran Kolirin
Quinzaine des réalisateurs
Prix Regards Jeunes : Control d'Anton Corbijn
Label Europe Cinéma : Control d'Anton Corbijn
Prix Art et Essai : Garage de Lenny Abrahamson
Mentions pour Control d'Anton Corbijn et Gegenüber de Jan Bonny
Prix SACD du meilleur court métrage francophone : Même pas mort de Claudine Natkin
Semaine internationale de la Critique
Grand Prix : XXY de Lucia Puenzo
Prix de la SACD : Meduzot d'Etgar Keret et Shira Geffen
Grand Prix Canal + du meilleur court métrage : Madame Tutli-Putli de Chris Lavis et Maciek Sczerbowski
Prix de la Cinéfondation
1er Prix : Ahora Todos Parecen Contentos de Gonzalo Tobal
2ème Prix : Ru Dao de Chen Tao
3ème Prix (ex-aequo) : A reunion de Hong Sung-hoon et Minus de Pavle Vuckovic
Prix France-Culture 2007
Lauréat : le cinéaste cambodgien Rithy Panh
Prix du Jury oecuménique
Lauréat : De l'autre côté de Fatih Akin
Prix de la critique internationale (FIPRESCI)
Compétition : 4 mois, 3 semaines et 2 jours de Cristian Mungiu
Un Certain Regard : La Visite de la fanfare de Eran Kolirin
Quinzaine des réalisateurs ou Semaine de la Critique : Elle s'appelle Sabine de Sandrine Bonnaire (Quinzaine des réalisateurs)
Prix de l'Education nationale
Lauréat : 4 mois, 3 semaines et 2 jours de Cristian Mungiu
Merci au site Allo Ciné